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C'est l'apocalypse (tuo)now chez les roadsters sportifs ! Avec un V4 désormais porté à 1100 cm3 et développant pas moins de 175 chevaux, la Tuono continue de faire gronder son tonnerre mécanique et s'impose comme l'un des modèles les plus ultimes de la catégorie. Mais la surprise vient d’ailleurs ! Avec ses nouvelles suspensions, l’Italienne survole les nids de poule, les raccords et tient le pavé comme jamais. Un roadster sportif aussi confortable qu'un trail ? Hmm, oui et non…

Sous la loupe

De visu, la Tuono 2015 change de style en douceur, notamment sur l'avant. Elle conserve ses trois optiques caractéristiques, mais s’y ajoute un feu de position à LED. L'ensemble est tout de même allégé de 1,5 kg d'après la marque. La tête de fourche est un peu plus protectrice. Enfin, je trouve que la Tuono a enfin une bonne tête ! Exit la tête de fourche évoquant le regard d'un insecte, place à une moto nettement plus élégante et séduisante !

Le châssis est lui aussi légèrement modifié. On retrouve le joli cadre en aluminium très bien mis en avant sur ce roadster, accompagné d'un bras oscillant qui fleure bon la performance lui aussi. Il est légèrement plus long (+ 4 mm) alors que la chasse est réduite. La fourche et l'amortisseur se règlent en compression, détente et précharge mais sont surtout censés être plus confortables au quotidien.

Au chapitre du confort justement, le pilote est plus choyé que sur la version précédente. La tête de fourche a donc été allégée de 1,5 kg et redessinée pour une meilleure protection du pilote contre la force du vent. Le guidon est plus étroit, la selle est plus moelleuse (nouvelle mousse) et 15 mm plus basse. Sur ce dernier point, hélas, ce n'est pas une amélioration pour tout le monde... Les longues jambes risquent en effet de continuer à souffrir sur de longs parcours. A ma connaissance, la Tuono reste le roadster avec la distance selle/repose-pieds la plus courte.

Quant au volet technologique, cette Tuono V4 1100 RR ne fait pas dans la demi-mesure et se pare des dernières innovations : commande des gaz Ride-by-Wire avec trois cartographies (Sport, Track, Race), contrôle de traction à huit niveaux, anti-Wheeling, Launch Control, Quickshifter, ABS Bosch 9MP trois modes et anti-Stoppie.

Plus musclée, plus technologique, plus "ergonomique" (pour les jambes pas trop longues)... Le millésime 2015 s'annonce donc toujours comme l'un des roadsters les plus redoutables du marché. Direction la Vallée de Chevreuse pour vérifier tout ça !

Gaaaz !

Je démarre la moto qui s'ébroue immédiatement dans un fracas très "racing". Les vocalises typiques du V4 sont mises en évidence par la ligne d'échappement juste assez libérée pour encore passer l'homologation. Quel son ! Quel régal ! Le V4 réveille les sens dès sa mise en route, ça promet !

La commande de boîte est précise. Le premier rapport se verrouille sans peine, de même que le point mort, qui s'enclenche intuitivement. Je relâche l'embrayage à commande à câble ; ce dernier montre beaucoup de douceur et de précision. Le temps que la mécanique chauffe, j'enroule à bas régime, le V4 raclant quelque peu sous les 3.000tr/min. La Tuono se laisse facilement emmener en ville. Ce n'est que dans les manœuvres à basse vitesse que l'on pestera contre son faible rayon de braquage.

Me voilà maintenant sur le périph'. J'ai quelques portes à passer avant de rejoindre le Pont de Sèvres et les premiers vrais virages qui parsèment la montée de la N118... A grands coups de gaz, je me délecte de chaque accélération, surtout dans les tunnels ! Ambiance sonore unique et force d'accélération virile sont au rendez-vous. A lui seul, ce moteur est déclencheur d'achat...
Équipée d'un Quickshifter qui permet de monter les rapports à la volée, je regrette seulement qu'il n'ait pas la fonction "down" comme sur certaines motos. Outre un gain de performances, sur piste essentiellement, ce serait la cerise sur le gâteau en termes de sensations de pilotage !

Montée de la N118 et courbes de la Minière avalées à bon rythme, j'arrive en Vallée de Chevreuse. On est en semaine, les petites routes vierges de trafic et le bitume encore accrocheur en ce début novembre. La Tuono est à son aise. Les virages des plus belles routes de la région parisienne s'enchaînent un à un. La belle Italienne (oui, je la trouve vraiment belle maintenant !) virevolte avec vigueur. Son train avant "d'une précision chirurgicale" (spéciale dédicace à FBO92 sur le forum) emmène la moto là où je regarde. A chaque sortie de virage, à grands coups de gaz, je suis catapulté voire aéroporté par le puissant V4... Le contrôle de traction, que je n'ai pas encore complètement déconnecté, assure la motricité de la balade qui prend des tournures dignes d'une spéciale MotoVirolo... Sur le commodo de gauche, il est possible de modifier le niveau d'intervention du contrôle de traction en roulant, par une impulsion sur l'une des deux gâchettes, "plus" ou "moins". Tout simplement génial. La balade énergique se poursuit, couteau entre les dents et agrippé au guidon. Les paysages défilent à vive allure... Quand il s'agit de prendre les freins, enfin surtout LE frein (avant, donc), l'ensemble Brembo assure la prestation correctement, sans plus. Rien de rédhibitoire sur route ouverte, mais les pistards et les plus "trappeurs" d'entre nous préfèreront certainement modifier quelques éléments du système de freinage.

Je profite également de la balade pour jouer avec les différents modes de conduite. Bien que la moto prêtée par Aprilia soit bridée, les différences sont flagrantes entre les modes Sport, Track et Race, enfin surtout entre le mode Sport et les deux autres, les plus "violents". En Track ou Race, le pilote fait corps avec la machine, la réponse de la poignée des gaz est immédiate et le moteur affiche une disponibilité incroyable à tous les régimes. En Race, il y a juste moins de frein moteur qu'en Track dans les hauts et mi-régimes. Quant au mode Sport, la cartographie privilégie en fait la douceur, et une fois qu'on a goûté aux deux autres modes, il est difficile d'y revenir, ou alors il faudrait qu'il pleuve... Au final, le mode Track m'est apparu le plus équilibré et le meilleur choix pour rouler à bon rythme sur le sec.

Au détour d'une petite route défoncée, la surprise viendra finalement du côté "tapis volant" de la Tuono. La moto est étrangement souple, sans secousses, et donne le sentiment de "survoler" les défauts de la route, aussi bien voire mieux qu’une Super Duke 1290 R…

Conclusion

Cette Tuono m'a bluffé. J’ai rarement pris autant de plaisir au guidon d’une moto. Entre l’excitation qu’elle procure à l’attaque, la bande son typée MotoGP de son V4, le feeling extraordinaire distillé par son châssis à la rigidité sans faille, et l’efficacité irréprochable de son électronique, c’est un carton plein. Saine et facile (trop ?) à emmener même sur route dégradée, la nouvelle Tuono affiche un comportement impérial en toutes circonstances, sans jamais se désunir. Dommage juste qu'elle ne soit toujours pas adaptée à des pilotes aux longues jambes et férus de virées au long cours. Dans ce domaine, la KTM Super Duke 1290 R reste pour moi le roadster sportif de caractère de référence… Avec feu la Ducati Streetfighter bien sûr !

Au final...

J'ai aimé :
+ le moteur absolument démoniaque
+ le feeling du train avant
+ l'agilité et l'efficacité générale
+ le "toucher de route" et le confort des suspensions
+ la stabilité sur l'angle en courbe rapide
+ la selle, confortable et longue, et qui permet de déhancher correctement sans problème
+ les Pirelli Diablo Rosso Corsa
+ le coloris bleu de la moto

J'ai moins aimé :
- la distance selle/repose-pieds, trop courte pour moi (1m90) pour envisager des longs parcours
- le manque de puissance du freinage à l'avant
- la consommation astronomique en ville

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Texte : Max
Photos : Aprilia
Date de l'essai : novembre 2015